Plongez dans l’univers de Mona Thomas, où la fantaisie trouve chaussure à son pied
Des tenues sur mesure pour Drake aux claquettes imprimées en 3D avec Zellerfeld, découvrez la designer allemande qui marie fantaisie et fonction.
Que vous cherchiez des distractions ou une parenthèse loin de la dure réalité, aucun doute : nous voulons tous notre petite dose d’évasion. On peut se perdre dans son roman préféré, réserver un vol sur un coup de tête, ou s’immerger dans un univers parallèle où les silhouettes flirtent avec le surréalisme et où la créativité est instinctive. Avec un clin d’œil au passé et un pied bien ancré dans l’avenir, la designer allemande Mona Thomas, son studio de design et sa marque Huni sont une échappée du quotidien, où la fantaisie rencontre la fonction et où les souvenirs d’enfance trouvent une nouvelle forme.
Des années de gestation — à plus d’un titre — Thomas se souvient que tout a vraiment commencé en 2018, alors qu’elle était étudiante. « Je me suis inspirée de designers comme Yoon Ahn de Ambush, Virgil Abloh et Jerry Lorenzo et je voulais travailler pour eux », a confié Thomas à Hypebae. Elle a donc décidé de se concentrer, d’expérimenter des logiciels 3D et de publier les résultats sur les réseaux. À terme, elle a enchaîné les missions freelance et, au fil du temps, a amorcé la construction de Huni.
Qu’il s’agisse de créer des tenues entièrement sur mesure pour des artistes comme Drake ou des claquettes imprimées en 3D avec Zellerfeld, le processus créatif de Thomas a toujours été aussi instinctif qu’intentionnel — et toujours personnel. « La plupart du temps, c’est guidé par l’intuition. Je sais simplement à quoi ça doit ressembler. » Et lorsque ces designs s’accordent parfaitement avec d’autres références de pop culture, façon Teletubbies, Thomas l’admet : « C’est ça, le plus fun. »
Dans le dernier épisode de Baes With Kicks, nous discutons avec Thomas de la façon de transformer la débrouillardise en identité de marque, des effets bouleversants de l’impression 3D et de l’importance de rester en perpétuelle évolution, dans le design et au‑delà.
Nom: Mona Thomas
Profession : Designer
Lieu : Allemagne
Quelle est votre relation avec les sneakers ? Avez-vous une paire préférée en ce moment, ou une que vous aimez depuis longtemps ?
J’ai toujours adoré les sneakers. Je dessinais des chaussures bien avant de lancer Huni. J’ai aussi traversé une période de revente de sneakers, à l’époque où Yeezys sortaient. Mais ma préférée de tous les temps restera Vans Slip-On. Des beautés intemporelles.
Quelles sont vos principales sources d’inspiration derrière vos créations de chaussures, par exemple vos « Teletubbies »?
C’est là que je m’amuse le plus. Mes designs sont généralement inspirés par des choses que j’aimais enfant et, parfois, ils se marient si bien à une autre référence pop qu’on frôle l’absurde. À mes yeux, ce sont les meilleures idées. Au final, le design pourra paraître ridicule à certains, mais pour moi, ce sont les pépites les plus brillantes de notre portfolio.
Teletubbies est l’un des fils rouges de votre travail conceptuel, de vos prototypes et de votre offre de produits. Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait de donner vie à la nostalgie télévisuelle des années 1990 ?
Pour moi, c’est thérapeutique. C’est comme si, à travers mon travail, je retrouvais mon moi enfant et créais des choses qui auraient enthousiasmé la petite fille de quatre ans que j’étais. C’est faire passer des idées qui n’existaient autrefois que dans ma tête ou sur un écran de télé en quelque chose de réel.
Comment êtes-vous entrée dans le design et avez-vous créé votre propre marque à l’origine ?
Tout a commencé en 2018, quand j’étais encore étudiante. Je m’inspirais de designers comme Yoon d’Ambush, Virgil Abloh et Jerry Lorenzo et je voulais travailler pour eux, mais je vivais dans une petite ville allemande et je ne connaissais personne dans leurs cercles. J’ai donc commencé à me constituer un portfolio, j’ai expérimenté pour la première fois de ma vie des logiciels 3D et j’ai posté les résultats sur les réseaux sociaux. J’avais aussi des idées de produits que je présentais comme s’il s’agissait de campagnes de grandes marques, sous un nom fictif — mon surnom de l’époque —, Huni. Ça m’a valu beaucoup de missions freelance formidables, jusqu’à ce que mes propres idées résonnent tellement que j’ai compris que je devais les prendre au sérieux. J’ai donc changé de cap et construit Huni. Il m’a d’abord fallu gagner assez d’argent grâce au freelance pour financer réellement ma propre marque. Ça a pris du temps.
À quoi ressemble votre processus de création ?
Honnêtement, il n’est jamais le même. La plupart du temps, c’est l’intuition qui guide. Je sais simplement à quoi quelque chose doit ressembler. Il n’y a pas vraiment de structure et nous ne suivons toujours pas le calendrier de la mode. Mais je sais aussi que nous ne pouvons pas travailler dans le chaos indéfiniment, alors nous essayons de nous organiser davantage.
Si vous deviez décrire votre identité créative en quelques mots, que diriez-vous ?
Mon identité créative, c’est moi. Chaque pièce est personnelle, jusque dans mes choix de polices. Mais la décrire me paraît étrange, presque comme la mettre dans une boîte. Je sais que mon travail a une esthétique reconnaissable, mais mon approche, c’est de continuer à évoluer et de la laisser changer avec le temps.
Comment est née la collaboration avec Zellerfeld ?
Pendant plus d’un an, nous avons cherché comment fabriquer nos premières claquettes. À l’origine, nous voulions faire une claquette en mousse EVA par moulage, mais nous nous heurtions sans cesse à des difficultés techniques. Pendant ce temps, ma communauté me posait sans arrêt des questions sur les claquettes, il me fallait donc une autre solution. C’est là que j’ai pensé à l’impression 3D et à Zellerfeld. Je connais Cornelius de chez Zellerfeld depuis des années, nous avons toujours voulu faire quelque chose ensemble, et cela semblait l’occasion idéale.
Parlez-nous des différents éléments de la chaussure.
Ma première idée a été : la forme devait évoquer un gros haricot et être douce comme un oreiller. D’où ce volume. Une fois cette base définie, je me suis dit que ce serait encore plus cool avec des pointes. Et là, elle a commencé à ressembler à un coquillage. Désormais, les gens supposent automatiquement qu’il s’agit encore d’une autre référence à Bob l’Éponge. Et j’adore ça.
En quoi le processus a-t-il changé ou été influencé par la collaboration avec Zellerfeld ?
Ils ont pu nous fournir très vite nos premiers bons prototypes. Au début, j’étais sceptique, car je ne suis pas vraiment portée sur les gadgets high‑tech et je n’avais encore jamais vu une paire de chaussures imprimées en 3D que j’aimais vraiment. Mais quand les claquettes sont arrivées, le look et le rendu étaient bluffants.
En tant que designer aux multiples casquettes, en quoi l’impression 3D a-t-elle changé votre manière de travailler ?
Ça a changé ma vie. Nous avons une imprimante 3D au studio qui tourne presque tous les jours. Elle nous a permis de créer des choses qui auraient été totalement impossibles pour un petit studio sans accès à des usines ou à de grandes capacités de production. Surtout quand nous travaillons sur des projets sur mesure ou que nous devons réaliser des prototypes.
Sur quoi travaillez-vous pour le reste de l’année ?
Mon objectif est de faire en sorte que les derniers drops de l’année se déroulent avec moins de chaos qu’avant. Concrètement, cela veut dire mieux nous organiser, mettre plus d’énergie dans les visuels et préparer, avec mon équipe, des événements pour l’année prochaine. Nous avons quelques idées enthousiasmantes que nous avons hâte de voir prendre vie.

















